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Pas de majuscule pour Anna Langfus ?






A chaque fois que je passe devant la bibliothèque Anna Langfus, face aux Flanades, je ne peux m'empêcher de me poser cette question : qui a donc un jour décidé de priver l'écrivaine de sa majuscule ?

Si on observe la facade de la bibliothèque, le nom de l'auteur est inscrit en lettres rougeatres : Anna langfus. Comme si son nom et son prénom ne constituait qu'un seul mot, comme si le nom de famille ne méritait pas la majuscule. Comme si l'on commencait une phrase sans but et sans histoire.

Qui a donc privé Anna de la majuscule de son nom de famille ?

S'agit-il d'un acte délibéré, symbolique, plaçant le nom de famille comme un nom commun ? Pour démontrer l'appartenance publique de cet espace de culture ? Pour rappeller au devoir de mémoire chacun d'entre nous, quelque soit son patronyme ?

S'agit-il d'une bourde de l'équipe de construction de l'époque, simple oubli jamais corrigé ?

Il peut paraître dérisoire de se poser des questions aussi vaines que celles ci, je le reconnais ! Mais sans réponse, je sais que je ne cesserai pas d'y penser !

Pour aller au bout de mon esprit tortueux, je vais contacter les services de la mairie, ainsi que les bibliothécaires historiques ... J'obtiendrai peut-être une réponse, et vous aussi !

En attendant je vous laisse découvrir une biographie d'Anna Langfus :

Née en Pologne, dans une famille juive aisée de Lublin, Anna se lance très jeune dans l'écriture. Dès l'âge de quinze ans, elle publie de courtes histoires dans des magazines polonais.

Elle se marie à dix-sept ans et les jeunes époux partent en Belgique où ils poursuivent tous deux leurs études à l'Ecole polytechnique de Verviers. Lorsque la guerre éclate en 1939, Anna et son mari sont en vacances à Lublin. Contraints à rester en Pologne, ils sont évacués vers le ghetto de Varsovie et tentent de fuir à travers la forêt. L'évasion échoue. Anna est emprisonnée et torturée, son mari est pris en otage et exécuté. Les parents d'Anna périront également.

Après la guerre, elle émigre en France en 1947. Elle travaille d'abord dans un orphelinat, puis enseigne les mathématiques à Rueil-Malmaison. Elle épouse un homme qu'elle avait connu en Pologne M. Langfus. Ils ont une fille, Maria. Dans la nouvelle ville de Sarcelles où elle vit, Anna Langfus s'investit dans la vie culturelle de la cité et participe aux activités de différentes institutions juives. Elle fait notamment partie du groupe " Judaïsme français " avec lequel elle se rend en Israël où elle visite le Mémorial de la déportation de Yad Vashem à Jérusalem.

Anna Langfus n'a pas abandonné l'écriture. En 1956, elle fait jouer sa première pièce de théâtre écrite en français, Les Lépreux. Elle y évoque les arrestations et les assassinats des juifs polonais en 1941. Cette forme théâtrale s'avère sans doute trop pénible pour les spectateurs qui sont nombreux à quitter la salle.

Elle écrira d'autres pièces, mais c'est dans la fiction qu'elle arrive à réduire les évocations de l'horreur pour continuer à témoigner. Elle publie en 1960 Le sel et le soufre, un des premiers romans autobiographiques sur la Shoah édité en France. C'est aussi le seul écrit par une femme parmi les œuvres appartenant aux écrivains dits de " la génération d'Auschwitz ". Son second roman, Les bagages de sable, reçoit le prix Goncourt en 1962. Quatre ans après avoir reçu le Prix Goncourt et après un nouveau roman, Saute Barbara, qui porte toujours sur le thème des rescapés de la Shoah, Anna Langfus décède. Elle meurt à Gonesse, près de Sarcelles, le 12 mai 1966. à l'âge de quarante-six ans.

Je vous conseille également la lecture de ces quelques pages du Dictionnaire Littéraire des Femmes de langue française, par Christiane P. Makward, Madeleine Cottenet-Hage, Mary-Helen Becker, Erica Mendelson Eisinger :

Anna Langfus

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